Le lancement d’une application mobile ne se résume pas à la technologie ou au design. Il s’agit aussi de respecter un cadre juridique bien précis qui peut varier selon le pays, et plus largement au sein de l’Union européenne avec des régulations comme le RGPD. Ne pas respecter ces obligations peut exposer les entreprises à des risques importants, y compris des amendes ou des litiges.
- Mentions légales
Les mentions légales sont obligatoires pour toutes les applications accessibles au public, comme pour les sites web (premier « documents juridiques application mobile »). Elles permettent aux utilisateurs d’identifier l’éditeur et de savoir qui est responsable du contenu.
Elles doivent inclure conformément à la Loi pour la Confiance dans l’économie numérique (LCEN) :
- L’identité de l’éditeur (raison sociale, adresse complète du siège social, numéro SIRET),
- La dénomination sociale, le nom et les coordonnées de l’hébergeur,
- Un moyen de contact (email ou numéro de téléphone),
- Le numéro d’immatriculation au RCS (Registre du Commerce et des Sociétés) (article 1er LCEN),
- Si applicable, des informations sur la TVA intracommunautaire (article 19), et
- Le nom du directeur de la publication.
- Sanctions en cas de manquement :
En France, le non-respect des mentions légales peut entraîner une amende allant jusqu’à 75 000 €, multiplié par 5 pour les personnes morales, et jusqu’à 1 an de prison pour les individus responsables. Le non-respect des obligations peut également mener à des sanctions civiles (dommages et intérêts) si un utilisateur est lésé par ce manquement.
- Politique de confidentialité
La politique de confidentialité est cruciale dans le cadre de la collecte et du traitement des données personnelles, particulièrement avec les exigences du RGPD, notamment à son article 13. Elle doit être claire, concise et facilement accessible pour les utilisateurs (second « documents juridiques application mobile »).
Les éléments à inclure sont :
- Les types de données collectées (informations personnelles, données de localisation, etc.),
- Le recueil du consentement de l’utilisateur,
- Les raisons pour lesquelles ces données sont collectées (fonctionnement de l’application, marketing),
- La durée de conservation des données,
- La présence de cookies,
- Les droits des utilisateurs, notamment l’accès, la rectification ou la suppression de leurs données.
- Exigences du RGPD et sanctions :
Les sanctions en cas de non-conformité au RGPD peuvent être particulièrement sévères. Par exemple, la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) peut infliger des amendes allant jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial de l’entreprise, selon le montant le plus élevé.
Exemple : En 2019, Google a été sanctionné à hauteur de 50 millions d’euros pour un manque de transparence et de clarté sur le traitement des données.
- Conditions Générales d’Utilisation (CGU)
Les CGU déterminent les règles d’utilisation de l’application (troisième « documents juridiques application mobile »). Elles protègent l’éditeur en définissant clairement ce que les utilisateurs peuvent et ne peuvent pas faire.
Si vous avez un élément payant, des conditions générales de vente seront nécessaires.
Les clauses à inclure sont :
- Accès et utilisation : Qui peut accéder à l’application (âge minimum, territoires autorisés) et sous quelles conditions.
- Les obligations de l’utilisateur et de l’éditeur.
- Responsabilité de l’utilisateur : Les utilisateurs sont responsables de leurs actions sur l’application.
Exemple client concret : J’ai récemment aidé un client à limiter l’accès à son application mobile aux personnes physique majeures. Les enfants et les personnes mineures en général bénéficiant d’une autre réglementation et protection que les personnes majeures, il est essentiel de bien définir le profil des personnes pouvant utiliser l’application.
- Résiliation : L’éditeur peut suspendre ou résilier l’accès en cas de violation des CGU, comme un comportement inapproprié ou l’utilisation frauduleuse de l’application.
- Propriété intellectuelle : Les contenus de l’application, y compris le code source, les logos, les images, sont protégés par des droits d’auteur.
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- Propriété intellectuelle
La propriété intellectuelle est primordiale pour protéger l’originalité d’une application mobile. Elle couvre plusieurs aspects :
- Droits d’auteur : Le code source, les éléments graphiques, les vidéos et tout autre contenu de l’application doivent être protégés par des droits d’auteur conformément à l’article L.112-3 du code de la propriété intellectuelle.
- Cela garantit que personne ne pourra les copier sans autorisation.
- Licences : Si des éléments externes sont utilisés dans l’application, comme des bibliothèques de code open-source ou des images sous licence, il faut respecter les conditions d’utilisation de ces licences.
- Déposer une marque : Si l’application utilise un nom ou un logo spécifique, il est recommandé de les déposer auprès de l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) pour protéger ces éléments contre toute utilisation non autorisée.
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- Contrats de développement et de maintenance
Le contrat de développement est essentiel lorsqu’un développeur externe est engagé. Il fixe les obligations des deux parties et prévient les conflits en cas de désaccord. Voici ce qu’il doit inclure :
- Propriété du code source : Le contrat doit préciser à qui appartient le code source à la fin du développement. Cela est crucial pour l’éditeur, qui doit conserver la possibilité de modifier l’application à l’avenir.
- Droits d’exploitation : Il est important de définir qui détient les droits de commercialisation et de distribution de l’application.
- Maintenance et support : Le développeur est-il également responsable de la maintenance post-lancement ? Si oui, le contrat doit inclure des clauses spécifiques pour les mises à jour et les correctifs.
Litiges courants : De nombreuses entreprises peuvent se retrouver bloquées après le développement d’une application parce que le développeur a refusé de céder le code source ou a demandé des frais supplémentaires pour des modifications, et c’étaient des aspects non envisagés initialement dans le contrat.
- Il est donc essentiel de prévoir ce genre de situation dans le contrat.
- Contrats avec des tiers (API, fournisseurs de services)
Lorsqu’une application mobile s’appuie sur des API ou d’autres services externes (par exemple, pour les paiements ou la géolocalisation), il est impératif de formaliser ces relations via des contrats :
- Niveaux de service (SLA) : Il est crucial de définir les niveaux de service attendus, notamment en matière de disponibilité et de performance. Par exemple, une API de paiement doit être disponible 99,9 % du temps pour garantir le bon fonctionnement de l’application.
- Les éditeurs d’applications doivent prévoir des solutions de repli en cas de défaillance des services tiers, afin de garantir la continuité du service pour les utilisateurs.
- Responsabilité : En cas de défaillance d’un service tiers, qui est responsable ? Ce point doit être clairement défini dans le contrat pour éviter tout flou juridique.