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Qui est titulaire des droits sur une œuvre générée par une intelligence artificielle (IA) ?

Avec les progrès de l’IA, la titularité des droits sur une œuvre générée par une intelligence artificielle (IA) devient floue.

L’essor de l’intelligence artificielle générative révolutionne la création de contenus, qu’il s’agisse de textes, d’images, de vidéos ou encore d’œuvres musicales et de logiciels. Grâce à des modèles avancés tels que GPT, DALL·E ou Stable Diffusion, l’IA peut produire des œuvres en quelques secondes, brouillant ainsi les frontières entre création humaine et automatisation.

Ce sujet est crucial car les législations actuelles ne sont pas harmonisées, engendrant des incertitudes juridiques. Les tribunaux commencent à statuer sur la reconnaissance des droits d’auteur d’une IA, avec des décisions parfois contradictoires. Les entreprises et créateurs doivent adapter leurs stratégies pour protéger leurs droits et se conformer aux réglementations en vigueur.

Par exemple, en 2023, l’Office américain du droit d’auteur a refusé d’accorder une protection à une image générée par une IA, expliquant que seule une œuvre créée par un humain pouvait être protégée. Cette position est cependant contestée dans plusieurs pays.

L’intelligence artificielle générative repose sur des modèles d’apprentissage automatique capables de produire du contenu original à partir d’un ensemble de données existant. Cette technologie est utilisée dans divers domaines : rédaction automatisée, création artistique et musicale, développement logiciel. Ces avancées remettent en cause les principes classiques de titularité des droits en propriété intellectuelle.

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L’absence de personnalité juridique de l’IA : un obstacle à la reconnaissance des droits

En droit de la propriété intellectuelle, une création est protégée par le droit d’auteur à condition qu’elle soit originale et qu’elle résulte d’un effort intellectuel humain. Or, l’IA générative ne possède pas de personnalité juridique, ce qui empêche, en l’état actuel du droit, de lui reconnaître une qualité d’auteur.

Les positions varient selon les juridictions. L’Union européenne et les États-Unis considèrent que le droit d’auteur ne protège que les créations humaines. Le Royaume-Uni, en revanche, reconnaît que les œuvres générées par IA sont créées sous la supervision d’un humain.

Enjeux juridiques et économiques pour les créateurs et entreprises

Le développement de l’IA générative soulève deux préoccupations majeures :

  • Les créateurs humains craignent que leurs œuvres soient utilisées pour entraîner des IA sans compensation ni reconnaissance.
  • Les entreprises doivent s’assurer que les contenus générés par IA ne violent pas des droits préexistants, sous peine de poursuites.

Premières décisions judiciaires et positions des offices de propriété intellectuelle

Avec la multiplication des litiges, plusieurs décisions judiciaires ont précisé l’application du droit d’auteur aux créations générées par IA.

  • En 2023, le Copyright Office américain a rejeté une demande de protection pour une œuvre entièrement générée par IA, tout en acceptant de protéger des créations impliquant une intervention humaine significative.
  • Au Japon (2024), une décision a estimé qu’une œuvre générée par IA peut être protégée si un humain a dirigé et sélectionné le résultat final.
  • Dans l’Union européenne, l’AI Act prévoit des obligations de transparence pour les IA génératives, sans trancher la question du droit d’auteur.

Propriété des œuvres générées par l’IA : qui détient les droits ?

Seul un être humain peut être considéré comme auteur d’une œuvre selon le cadre juridique actuel. Une création purement issue d’un modèle d’IA n’est pas éligible à la protection du droit d’auteur. En revanche, lorsqu’un humain utilise l’IA comme un outil et oriente la création, il peut revendiquer cette protection.

Par exemple, un photographe utilisant une IA pour retoucher une image conserve son droit d’auteur si son intervention reste déterminante.

Par conséquent, les entreprises et créateurs doivent s’adapter à ce cadre juridique incertain. Une intervention humaine forte augmente les chances d’obtenir une protection. Il est aussi conseillé de formaliser contractuellement la répartition des droits et d’anticiper les litiges, car un même contenu généré par IA peut être utilisé par plusieurs personnes, rendant l’application des droits exclusifs plus complexe.

L’entraînement des modèles d’IA et le respect des droits d’auteur

Les modèles d’IA générative s’appuient sur de vastes ensembles de données, qui peuvent inclure des œuvres protégées par le droit d’auteur. L’utilisation de ces contenus doit respecter les exceptions légales, comme la fouille de textes et de données (text and data mining). Cependant, les titulaires de droits disposent d’un droit d’opposition (opt-out) pour empêcher l’exploitation de leurs œuvres.

Mesures d’atténuation et garanties contractuelles

Les entreprises utilisant des outils d’IA générative doivent garantir :

  • Une transparence accrue sur l’utilisation des données.
  • Des clauses contractuelles précises pour encadrer la responsabilité en cas de violation du droit d’auteur.
  • Un contrôle renforcé sur les contenus protégés exploités par les modèles d’IA.

L’essor de l’IA générative pose des défis juridiques majeurs en matière de droit d’auteur. Si les législations actuelles privilégient les créateurs humains, les débats restent ouverts quant à l’évolution nécessaire du cadre légal. L’adaptation des régulations, la clarification des responsabilités et l’encadrement des pratiques contractuelles seront essentiels pour concilier innovation et protection des droits. À mesure que l’IA générative progresse, un équilibre entre création et respect du droit d’auteur devient impératif.

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